Anissi Chamsidine en tournée

L’auteur du livre Nisisu’ali Intsi – ceci n’est pas une réponse (éditons Bilk & Soul) s’est rendu ce mois-ci dans plusieurs cités de Ndzuani, puis à la capitale de l’union des Comores, pour y entamer des conversations autour de son questionnement sur la souveraineté archipélique. Des questions qui initient une démarche. Celle d’un politicien qui se met à nu, qui reconnaît ses limites, qui se livre, en pointant du doigt les principaux maux rongeant le pays.

Face aux bouleversements actuels, l’auteur choisit de diriger son curseur sur une question que le citoyen solutionne traditionnellement par un recours à l’évitement ou à l’euphémisme. Anissi Chamsidine s’essaie à nommer un chat par son nom. La fourberie du processus de décolonisation consacré dans l’archipel lui donne sensiblement raison. Mais il a l’air de vouloir pousser la logique plus loin et de ne pas se satisfaire des habituelles réponses apportées au débat.

Les rencontres à Ndzuani…

Anissi Chamsidine est bien sûr l’homme qui fit face à Wuambushu et qui crut pouvoir stopper les bateaux, en provenance de Maore, lors de la Covid-19. On se souvient qu’après avoir inauguré une stèle en hommage aux victimes du visa Balladur à Mironsty, il entreprit de construire une maison dédiée à la mémoire collective, en lien avec les traumas coloniaux, dans le Nyumakelé, au lieu-dit Bandramaji. Une fondation est en train de naître. Mais ceci suffira-t-il à lui donner de la voix dans un paysage aussi miné par le présent ? Son questionnement paraît en tous cas décalé. Le moment ne paraît pas propice, à moins d’un réveil inattendu de la part des élites et des masses.

L’autre question est de savoir par ailleurs s’il sera seul à cheminer sur ce sentier, ardu et tourmenté, son opus ne faisant de cadeau à personne. A commencer par lui-même. Comme il le laisse entendre à la fin du livre : « J’ai conscience d’être redevenu un simple disciple (…) à force de guetter une espérance qui n’arrive pas. Homme de la mer, j’ai aussi ce sentiment d’avoir longtemps joué au capitaine sans boussole, dans un ciel sans étoiles où le seul échappatoire se résume à suivre les vents et les eaux. Je sais que ces éléments peuvent noyer le boutre. Voilà pourquoi je retourne sur les bancs de l’école. Pour apprendre à mieux naviguer par mauvais temps, au-delà de vouloir mener le boutre à bon port ».

Au Muzdalifa House à Moroni.

Suffit-il d’un livre pour que le citoyen se ressaisisse ? Anissi Chamsidine aimerait penser que oui, bien que l’actualité impose d’autres priorités, selon lui : « Les gens voudraient que l’on ne parle que d’une chose : le gwa dzima. Mais j’ai une question : si le président Azali n’était pas là ou venait à ne plus être là… Arriverait-on ou pourrait-on parler de notre souveraineté pour autant ? »

L’ouvrage est disponible aux Comores, à la librairie Nouveautés. En ligne sur ce lien: ulimiz-b.com..

Laisser un commentaire