Dix jours à Madagascar. A la rencontre de la communauté Zanatany à Majunga. Pour y saisir la complexité d’une histoire comorienne, coincée entre deux rives. Pour y dresser également le récit d’un peuple en errance, qui espère atteindre, un jour, une forme de plénitude dans son existence. Soeuf Elbadawi, artiste et auteur, est parti à la recherche de cet épisode mouvementé des migrations comoriennes dans le monde, avec le soutien de la COI. Un chantier sur lequel il compte poursuivre, en allant se pencher également sur les cités de Marseille en France, de Zanzibar en Tanzanie et du Port à La Réunion.




Le public lors de la présentation du film Zanatany à l’Alliance française de Majunga. Les acteurs, Hachimiya Ahamada, la réalisatrice, Chrystelle Lafaysse, directrice de l’Alliance à Majunga, Soeuf Elbadawi, samedi 21 avril 2024…
Ce séjour fut l’occasion pour lui de prendre part à l’avant-première de Zanatany l’empreinte des linceuls esseulés, le dernier film de la réalisatrice franco comorienne Hachimiya Ahamada. Un court-métrage dédié aux événements dits de Majunga en 1976, dans lequel il incarne Ali, le rôle principal. Quand les Comoriens, traqués à coup de machette, ont dû réfléchir à deux fois, avant de poursuivre leur histoire dans cette cité désormais revendiquée par la communauté sakalave. Un épisode méconnu du grand récit national à Madagascar. Tourné il y a deux ans, le film est sorti au festival de Rotterdam, en janvier dernier. « C’est encore très sensible de parler de ça. Il y a des personnes qui ne connaissent pas cette histoire » confie la réalisatrice.


La rencontre avec les étudiant comoriens de Majunga. Les échanges avec l’équipe de l’Ekaa…
Soeuf Elbadawi a profité de son séjour à Majunga pour y rencontrer la communauté étudiante issue des Comores, avec qui il a échangé autour du shungu. Du discours dominant à la nécessité d’une disruption par rapport au legs, en passant par la puissance d’une pensée archipélique en mouvement. Ou comment s’affranchir des appartenances apprises au contact de la tutelle coloniale, au nom du destin commun. Sur le chemin du retour à Tana, il a rencontré l’équipe de l’Ekaa – école et agence artistique malgache – pour un échange sur la thématique du corps, vecteur d’identité. « Des échanges autour du corps, de nos capacités à porter le récit, à camper nos mémoires et notre vécu. Un questionnement, qui ramène à nos espaces dans cette immensité indianocéane. Merci aux amis de l’EKAA… » explique Soeuf Elbadawi.
+ d’infos : RFI
+ bande-annonce : Zanatany