À la foire aux livres

Une actualité livresque bien fournie pour un auteur qui se veut d’ordinaire discret. L’aventure a débuté avec la publication du livre Obsessions de lune Idumbio IV chez Bilk & Soul en 2020. « Cela faisait trop longtemps que je ne m’étais occupé de mes propres histoires. Je m’apprête à faire les fonds de tiroir pour en tirer le meilleur » s’entendait-il répéter. Soeuf Elbadawi se lançait alors dans une envie de publier assez rare pour être remarquée dans le paysage littéraire comorien. En 2022, il faisait paraître La fanfare des fous (Komedit), un beau livre dans lequel il retracait les débuts de sa compagnie de théâtre. En 2024, il sortait un second volume, faisant écho au précédent, Obsession(s) Remix, en reprenant le texte de sa précédente création et en documentant ses dernières expérimentations dans le domaine, en Corrèze notamment où sa compagnie était accueillie en résidence par la ville d’Uzerche.

Obsession(s) Remix, Histoires en chemin, l’auteur.

Parallèlement au théâtre, il faisait la promo d’un recueil, rassemblant sept entretiens, accordés à différents journalistes et critiques autour de son travail sur une période de vingt ans. « Je voulais savoir si j’étais demeuré constant dans le propos durant toutes ces années, par rapport à mon idée de la création. Un éditeur a bien voulu me suivre dans ce jeu de pistes ». C’est Quatre Étoiles qui a accepté de publier Fragments I 2003-2023, avant d’enchaîner sur un travail, récent, entremêlant différentes possibilités (essais, articles, poèmes, nouvelles, photographies) du même, avec l’idée (encore) de traverser deux décennies, mais avec une certaine idée de la fable et des idées. Histoire(s) en chemin – le titre de ce dernier opus, paru en septembre 2024 – traverse le pays, des années 2000 à nos jours. Mais que racontent les tiroirs à nu de celui qui se vantait, il n’y a pas si longtemps encore, comme étant un « nettoyeur de surface », histoire d’expliquer le travail qu’il mène à travers l’écriture, que ce soit sur un plateau ou devant une page blanche ? Des notes de M. sur l’assassinat du citoyen Kader aux filles de joie du littoral à Moroni, en passant par une immersion à Marseille mdjini, l’auteur nous lâche en réalité deux cents pages de pur plaisir…

L’ouvrage collectif auquel il a récemment contribué.

En attendant les prochaines sorties, prévues, cette année, aux éditions Kalamu des îles (juin 2025), chez Passages et Traverses (deuxième semestre 2025), et une toute dernière encore aux éditions Quatre Étoiles (septembre 2025). Entretemps, Soeuf Elbadawi aura contribué à plusieurs ouvrages collectifs dont Médias aux Comores Des bribes d’histoire (ré)assemblées (Bilk & Soul) en 2022, ainsi que De la fable française aux Comores (Quatre Étoiles) en 2025. Il envisage également de publier quelques pages choisies, issues de différents ateliers menés aux Comores et en France durant ces dernières années. Ce qui lui fait près d’une dizaine d’œuvres en moins de cinq ans. Inattendu de la part d’un auteur, qui était devenu rare depuis le prix Île de France des stagiaires, apprentis et collégiens, qu’il avait remporté en 2013 avec Un dhikri pour nos morts La rage entre les dents. Mais ce qui paraît encore plus inattendu, c’est qu’on ne trouve aucun de ses textes récents dans des librairies comoriennes, en dehors des excellentes Bouquineries d’Anjouan à Mutsamudu et de Passamainty à Maore, où le travail d’Isabelle Mohamed a toujours cherché à représenter ce qui se fabrique dans l’archipel.

À la Une, une photo de S. Hodari d’un atelier animé par Soeuf Elbadawi auprès de scolaires à Ntsaweni, où il présentait le livre Fragments I 2002 – 2023 (Quatre Étoiles).

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