Contribuer à l’imaginaire d’un pays en proie à la dépossession est un vieux rêve que beaucoup caressent aux Comores, sans parvenir, toujours, à le réaliser. Bilk & Soul est une toute petite maison d’éditions, qui se cherche encore des folies et des envies. Entre les propos du Laboresvik sur le théâtre aux Comores (Ceza/ Choses dites, entendues ou lues sur le spectacle vivant aux Comores 2010), Les ellipses poétiques de Saïndoune Ben Ali (Feux de feuilles de brousse 2012), les paroles de jeunes lycéens sur le Visa Balladur, venues de Paris, Mutsamudu et Mtsangadoua (Paris – Mutsa en quête de récits 2015), le monologue de Bernard Lagier sur une jeune femme abusée par son fils (L’orchidée violée 2016), les critiques introductives à la littérature comorienne d’expression française de Fathate Karine Hassan et Anssoufouddine Mohamed (12 lectures 2017) ou, plus récemment, les écrits des enfants du Club Soirhane à Mirontsy (Une autre histoire de Mirontsy 2019), il est tellement de chemins empruntés par la jeune maison qu’il n’est pas toujours aisé de statuer sur ses attentes.



Trois parution de Bilk & Soul..Image en Une : restes d’une usine coloniale de traitement sisal à Bandramaji.
Un fait, compréhensible. Les récentes parutions correspondent globalement à des questionnements sur le récit. Les prochaines en susciteront, sûrement, de nouvelles. L’une des plus belles histoires de Bilk & Soul reste quand même la reprise en édition comorienne, et dans une traduction française de Mohamed et Maylis Saleh, des récits de Silimu Bin Abakari (Fragments retrouvés 2015), parti guetter son destin en Europe au 19èmesiècle. En compagnie de son ami Bumiller, il serait parvenu aux confins de la Sibérie. Publié en Europe, ses textes n’étaient guère connus aux Comores. La volonté de se réapproprier cette mémoire a été une quasi nécessité pour l’équipe de Bilk & Soul, qui compte ainsi nourrir les communs d’un archipel en ébullition. Doucement, calmement et tranquillement, la lave va son chemin, et la ligne se précise…